dimanche 4 octobre 2009

La route


Ce livre, on me l'a prêté. Je l'ai soupesé, ai vu qu'il ne faisait que 250 pages en poche, me suis dit : "pas de souci, je l'ai fini dans deux jours."
Deux semaines après, j'y suis encore.
Non pas que je le savoure. Loin de là. Mais j'ai peur de tourner les pages. De savoir ce qui va se passer, puisque la fin ne peut être joyeuse. Peur de frapper le sol après une longue chute dans l'obscurité.
J'explique : nous suivons deux personnages, l'homme et l'enfant, un père et un fils dans un voyage vers le sud pour fuir l'hiver. Un détail : ce sont des survivants d'une apocalypse dont nous ne savons presque rien, si ce n'est qu'elle a réduit le paysage en cendres, presque annihilé toutes formes de vie végétale ou animale en dehors de quelques humains malchanceux qui ne peuvent qu'agoniser en regardant l'extinction de ce monde.
L'homme et l'enfant parcourent donc la route, à la recherche de vivres, en contemplant le désastre. L'homme essaie d'oublier sa vie d'avant, les souvenirs cruels d'un monde verdoyant et lumineux. L'enfant, né après l'apocalypse, se contente de surveiller les méchants, de trouver à manger en échappant au cannibalisme. L'espoir est complètement absent du roman, si ce n'est dans le coeur du lecteur qui ose à peine y croire tant l'écriture est efficace dans sa noirceur. Le prix Pullitzer 2007 est amplement mérité, mais je ne pourrai dire si j'aime ce texte tant il remue de choses en moi...
Je suis actuellement dans l'un des rares passages ou la nourriture est présente, le refuge chauffé, l'impression de sécurité murmurée. Deux jours que j'ai posé le livre sur ma table de nuit, et qu'il m'attend, comme une bête tapie dans l'ombre. Je le finirai. Je prévois juste une semaine de plus. Et un tour dans un parc au soleil derrière.
La route, Cormac McCARTHY, Points, 2009 pour le poche, 252 pages (2008 pour le grand format Editions de l'Olivier)
Et pour les anglophiles : The Road, Knopf, 2006

édit du 22/11/2009 : Je l'ai fini il y a deux semaines déjà, et l'autre jour, en errant dans le métro, je suis tombée nez à nez avec l'affiche du film à venir. Le choc. Je n'irai pas le voir. Par contre, je tenterai de relire le livre dans quelques années. Un chef-d'oeuvre qui résonne douloureusement.

vendredi 2 octobre 2009

L'étrange vie de Nobody Owens


Encore un Gaiman, encore un coup de coeur, ça en deviendrait presque lassant... 

L'histoire commence après un triple meurtre. Oui, surprenant. L'assassin est dans la maison et cherche un bambin qui marche à peine pour finir le travail. Léger problème, le bambin en question est sorti de la maison, et s'est réfugié par hasard dans un cimetière ou un couple de fantôme en mal de rejeton décide de le protéger et de l'élever. Nobody comme le baptise le couple spectral Owens est alors accepté comme citoyen libre du cimetière. Bod grandit heureux, au milieu des ses amis : une sorcière brûlée vive, un vampire, une gouvernante Loup-Garou... Mais comme tout enfant, Bod est curieux, et veut voir ce qu'il y a de l'autre côté du mur. Il rencontre une fillette de son âge, Scarlett, et sors finalement de l'enceinte protectrice du cimetière pour la suivre... et pour le plus grand plaisir de l'assassin à la recherche de sa proie perdue depuis des années. La chasse est ouverte, les aventures peuvent continuer à pleuvoir...
Comme toujours Neil Gaiman sait manier la plume pour inventer des atmosphères tendres et dérangeantes, pour nous emmener dans son univers atypique, presque rassurant si ce n'était le loup caché dans le mur. Les personnages secondaires sont toujours aussi présents et bien peints : vouivre, goules, confrérie d'assassins... tout un monde complexe qu'on ne peut pourtant imaginer sans eux.
Et toujours, à la fin du roman cette peine joyeuse, cette boule dans la gorge et ce sourire aux lèvres...
Pas un seul livre de cet homme ne m'a déçue pour l'instant. Pari gagné encore une fois!

L'étrange vie de Nobody Owens, Neil GAIMAN, Albin Michel, collection Wiz, mars 2009, 311 pages
Et pour les anglophiles, The Graveyard book, Harper Collins Children's books, 2008

p.s. : billet préparé il y a six mois, et lâchement abandonné dans un coin...

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