mercredi 19 septembre 2012

Le Sillage de l'oubli



5 contre :
- Parce que franchement, pour le coup de foudre au premier regard, on repassera. En le voyant, on se dit : "Ce qu'il est moche ce livre ! C'est quoi cette couv' marron ? Ouh là, et en plus, il est composé tout petit..." et qu'on marmonne "C'est vraiment pour faire plaisir à mon libraire, et parce qu'il a insisté, non mais vraiment..."
- En lisant la quatrième, on constate que c'est encore un roman " à a la McCarthy". Ils n'en ont pas marre de copier De si jolis chevaux  dans ce lointain pays qui n'est décidément pas pour le vieil homme ?
- Encore un premier roman ? 
- La scène d'ouverture est... sanglante. Le rejet est immédiat.
- La scène de fin vient... trop vite. Finalement, il n'est pas assez long ce livre !

5 pour :
- La scène d'ouverture est si efficace qu'après le premier rejet, on y revient, crevant d'envie de connaître la suite de l'histoire. On se plonge dans le livre... et hop! on n'en ressort pas avant la dernière page. Magique !
- Une narration incroyable qui joue avec le temps et avec l'action : le récit n'est pas chronologique, et les différentes parties se répondent, se complètent, se mélangent à la perfection.
- Une peinture du Texas rural du début du XXe siècle, qui rappelle McCarthy, oui, mais qui le fait très vite oublier tellement la voix qui se dégage du texte est forte. Un style vivant, une (des) histoire(s) captivante(s) : un voyage qui ne s'oublie pas.
- Des personnages... Humains et fiers de l'être, dans leur complexité, détestables et adorables, à l'image de leur pays (celui que je fantasme en tout cas de mon petit coin de France), et d'une telle force !
- Des paysages à couper le souffle, et ces chevaux... ah, ces chevaux...

Conclusion : Mon libraire a toujours raison. Merci mon libraire ! Et je vous laisse, chroniquer ce livre m'a donné envie de relire des passages entiers.

à bon lecteur... 

La Sillage de l'oubli, Bruce Machart, Gallmeister, 2012, 344 pages, traduction brillante de Marc Amfreville

lundi 3 septembre 2012

La vie sexuelle des super-héros


Ou comment parler d'un livre au titre qui non content de m'intriguer, va aussi créer du trafic sur ce blog trop longtemps laissé en friche... (Avec, une fois n'est pas coutume, la couverture de l'édition poche, que je trouve excellente.)

J'ai dévoré ce livre la semaine dernière, alors qu'il n'était que le dernier arrivé dans la longue file d'attente s'entassant au pied de mon bureau. Une page pour goûter au texte, une autre pour confirmer ce que je venais de déguster, une troisième par gourmandise, et le reste parce que l'entrée m'avait mise en appétit.

Petite présentation rapide, tirée de la quatrième de couverture :

«  À New York, au début du vingt et unième siècle, les super-héros sont fatigués : Superman, Batman et les autres ont raccroché les gants, ils sont devenus des hommes et des femmes d'affaires à succès, des vedettes des médias et du spectacle, et ont tous renoncé à leurs super-pouvoirs. Dès lors, qui peut bien vouloir les éliminer un à un ? Car après Robin, l'assistant et ancien amant de Batman, un mystérieux groupe de tueurs menace d'autres cibles. Mister Fantastic et Mystique reçoivent eux aussi d'étranges messages d'adieu, et il semble bien que ce soit dans leur vie privée et leurs comportements sexuels qu'on veuille les frapper. »

Voici en 5 points, ce qui m'a plu dans ce livre :
- une ressemblance assumée avec le Watchmen de Moore, mais avec une amertume post 11-septembre teintée d'un cynisme mordant savoureux et beaucoup plus désabusé (si, c'est possible).
- retrouver les super-héros qui ont bercé mon enfance et mon adolescence en situation délicate, en proie aux soucis du quotidien, comme tout un chacun, et décrits de façon irrévérencieuse mais tellement délicieuse !
- le jeu de cache-cache permanent avec les clichés propres à ce genre de personnages. L'auteur parvient avec brio à rendre ces surhommes humains, au-delà du ridicule et du pathétique. On se prend à les aimer davantage, passé les premières désorientations dues au décalage entre le mythe nostalgique et nos héros déboussolés.
- un style vif et imagé, mais qui prend le temps de contempler et de s'interroger quand il le faut. Beau choix de vocabulaire pour certains passages. Beau travail de l'auteur et du traducteur !
- un humour noir beaucoup plus débridé que ce qu'on pourrait croire, qui vise et touche dans le mille avant même qu'on s'en rende compte. J'ai relu des passages entiers, le sourire en coin frémissant.

J'espère vous avoir mis l'eau à la bouche.
En attendant le prochain livre, à vos lectures !

La vie sexuelle des super-héros, Marco Mancassola, Gallimard, 2011, 552 pages, traduction de Vincent Raynaud ; Folio, mai 2012

Merci à Tery, petite abeille sans qui je n'aurais pas lu ce très bon roman.

lecteurs