lundi 18 mai 2009

Animal'Z

ou comment j'ai définitivement rompu avec Enki Bilal, 
par le Puceron zélé

   
Titre aguicheur je le reconnais mais qui vous incitera peut-être à lire ce qui va suivre. 

Avertissement aux admirateurs de ce grand monsieur, les lignes à venir ne vont pas vous faire plaisir. 

Je n'ai rien contre ce grand nom de la bande-dessinée que je respecte et que je remercie pour nous avoir offert "La trilogie Nikopol", Bleu Sang et Le sommeil du monstre qui est à mon sens le meilleur album que l'artiste ai jamais créé. Je me suis donc procuré il y a quelques semaines son dernier ouvrage. L'épisode de la quadralogie du Monstre étant terminée, j'ai eu hâte de voir si l'auteur pourrait raviver mon enthousiasme d'antan avec le début de cette nouvelle série. 

Première impression: le style de l'artiste se reconnaît facilement, l'animal comme l'homme expriment côte à côte la puissance, la grâce et la beauté. Une question en découle alors: va-t'il s'agir d'une histoire d'hybridation (thème récurrent dans les albums de Bilal, souvenez-vous avec la mouche du sommeil du monstre)?  Dans son prologue Bilal annonce la couleur : la planète Terre est touchée par un grave dérèglement climatique où chaque espèce lutte pour sa propre survie. Les Hommes tentent quant à eux de se réfugier par la voie des mers vers d'hypothétiques régions épargnées du globe en tentant de rejoindre l'un des chemins qui y mènent: le détroit D17. 
Comme vous l'avez compris, c'est pas la fête au village et ils ont pas fini d'en ch....  

Dans les premières planches l'auteur plante le décor avec une couleur dominante bleue-grise crasseuse, représentative de la composition atmosphérique et sous-marine reflétant une ambiance suffocante. Comme à son habitude il mélange plusieurs scènes se déroulant simultanément déroutant ainsi un peu le lecteur sur la localisation des personnages. Mais c'est ce qui fait tout le charme du style de l'artiste. On découvre ainsi des êtres mi humain-mi dauphin, un ancien agent d'assurance associé à l'invention de l'eau en poudre, un scientifique avec une nageoire en guise de pied, une famille cannibale, des cowboys solitaires récitant du Théophile Gauthier ou du Shakespeare, un hippocampe et un homard robots... Tout ce petit monde évoluant en bord de côte ou en pleine mer entourée d'un ciel où gravitent des tortues et des mollusques volants. On devine bien vite leur destination commune, le fameux détroit. Leurs chemins vont-ils se croiser? 
Je ne vous révèlerai pas toute l'histoire, toujours est-il qu'à la fin de l'aventure j'ai eu la désagréable impression de rester sur ma faim. Non pas parce que j'aurais aimé connaître la suite de l'histoire mais parce que malgré un début prometteur, le scénario ne m'a pas transporté. Leur voyage vers l'Eldorado n'a pas éveillé ma curiosité, pire je me suis ennuyée. La beauté froide et la mine grâve des personnages ne m'ont pas évoqué le charisme de ceux d'un autre album du même auteur que je ne reciterai pas. 
Donc vous l'aurez deviné: j'ai été très déçu plaçant peut-être un peu trop d'espoir dans ce nouvel ouvrage. Mais surtout, que cela ne vous empêche pas de le lire, vous pourrez ainsi me faire partager votre ressenti sur ce nouvel album. 

Allez, sans rancune et bonne lecture!

lecteurs