mardi 11 novembre 2008

Quentin Blake, La vie de la page


Est-il nécessaire de présenter Quentin Blake? Si oui, c'est que vous n'avez jamais lu de Roald Dahl...
Je suis tombé au détour d'un bac de vieux bouquins sur ce livre, et j'en suis ravie. Non seulement il est riche en dessins, croquis, peintures, et autres joyeusetés propres à notre dessinateur de génie, mais de plus il nous livre une interview fantastique où notre clown à pinceau partage avec générosité son univers, et nous donne une magistrale leçon d'humilité.

Je crois qu'il n'est plus édité, mais si jamais vous le trouvez, n'hésitez pas une seconde! Au mieux vous pourrez toujours le donner à un enfant qui saura rire devant les coquecigrues de cet anglais farfelu!

Quentin Blake, La vie de la page, Gallimard Jeunesse, 1995, 112 p.,  ISBN 978-2-07-059320-7

dimanche 19 octobre 2008

Coraline

parce que Neil Gaiman est un grand auteur qui malheureusement n'est pas assez connu en France, je vais vous parler de son livre le plus populaire par chez nous : Coraline. Une gamine curieuse, un couloir étrange et une porte qui mène -apparemment- nulle part, et nous voilà embarqués de l'autre côté du miroir. Adieu l'univers familier, bonjour à l'inquiétude et l'angoisse qui semblent régner dans cette maison jumelle. De faux parents vous fixant avec des yeux-boutons, un jardin labyrinthique où le danger est au détour de chaque buisson, des créatures fantasmagoriques menaçantes se cachant dans les ombres... Gaiman joue avec nos peurs enfantines. Avec brio. Et on en redemande. 

Les personnages sont à la limite du cauchemardesque. "L'autre mère" de Coraline est d'ailleurs arrivée deuxième au classement des plus grands méchants de la littérature anglaise sur un site au nom oublié... Au passage, la première place est occupée par Mrs. Coulter (A la croisée des mondes, Pullman), devant le légendaire Crochet qui au final paraît bien sympathique face à ces deux femmes...

Par ce merveilleux plongeon dans la noirceur, Neil Gaiman s'inscrit avec brio et humour dans les quelques livres qui tiennent réellement compte de la fascination des plus jeunes pour l'étrange. Un film est en préparation pour avril 2009. Gageons qu'il aura du succès puisque l'auteur s'est attelé au scénario, et que l'admirable Henry Selick (L'étrange Noël de Monsieur Jack, entre autre...) a pris les commandes de la réalisation...
En attendant, vous avez le temps de dévorer le texte, bien installé dans un fauteuil rassurant, au coin de la cheminée cet hiver...

Méfiez-vous cependant, car vous ne regarderez plus les portes fermées de la même façon après lecture...

Coraline, Neil GAIMAN, Wiz Albin Michel pour la traduction française, 2003, 155 p., ISBN 2-226-14019-0

vendredi 26 septembre 2008

Mes secrets de sorcière



un coup de coeur récent pour ce grimoire culinaire. 

L'objet est magnifique : à l'image d'un vieux cahier composé de papiers scotchés, d'écritures manuscrites, de gravures à l'air ancien. On prend plaisir à le feuilleter en rêvant à nos arrières grand-mères. Je l'ai offert récemment à ma mère : il est exposé sur sa table de salon ou tout un chacun s'extasie en essayant de l'emmener discrètement...


Mais le sort est plus accompli qu'il n'y paraît. Les recettes sont originales et nous embarquent dans un voyage gustatif étrange. Vous pourrez ainsi découvrir comment partir en cueillette, faire du confit de jacinthes ou de la confiture de pommes de terre à l'anis, boire une liqueur de coquelicot ou une limonade de sureau... 
Chaque recette est composée comme un charme. Pour exemple :" Confiture à la dent-de-lion" au sous-titre évocateur de "Comment être la dame de ses pensées?". Les ingrédients deviennent enchantements, la recette se fait au chaudron, et de petits secrets de sorcières sont distillés à côté de conseils pour alimenter la conversation. On apprend ainsi que le kiwi est appelé groseille en chine, ou que tout est bon dans la capucine...


Ce bouquin est un véritable régal pour les yeux et l'imagination. Et les recettes que j'ai déjà testées sont tout simplement... magiques!

Mes secrets de sorcières, Brigitte BULARD-CORDEAU, Editions du Chêne (Hachette), 2007, 234 p., ISBN 978-2-84277-790-6

jeudi 25 septembre 2008

Les royaumes du Nord



ou dans son titre original The golden compass, à savoir La boussole d'or comme l'ont traduit les producteurs du film du même nom (à éviter absolument)... 

Pourquoi commencer par ce livre? parce que la trilogie dont il est le premier tome m'accompagne depuis des années. Je considère ces bouquins de Philip Pullman comme les chef-d'oeuvres de la littérature de jeunesse (quelle dénomination horrible...)  de ces dernières années. 
Parlons seulement de ce premier opus où nous découvrons Lyra, gamine effrontée et sauvage, qui évolue au milieu de Jordan College, honorable université anglaise située à... Oxford. Oui, mais un Oxford étrange, si proche et si dissemblable du notre... et nous voilà projeté dans ce monde parallèle où les personnages ont des daemons, où les gitans voguent le long des canaux, où les ours sont en armure, et où sous l'ombre d'une guerre approchant, se dévoile une nouvelle menace à travers des enleveurs d'enfants surnommés les "enfourneurs"...

Mon but n'est pas de résumer l'histoire. je voudrais seulement vous faire comprendre à quel point ce livre (et les deux suivants) me semble exceptionnel.

 L'écriture est fluide, personnelle, précise et créatrice d'images fantastiques. Le décalage entre nos deux mondes se joue à travers l'usage de certains mots pouvant paraître complexes aux plus jeunes, mais offrant au contraire un exotisme et un dépaysement à la lecture qui les entraînent plus profondément à la poursuite des personnages. Pour exemples : le métro devient le Chemin de fer Chtonien, les cables électriques deviennent ambariques... ces petits détails qui laissent les enfants rêveurs, et font des plus grands les complices de la construction imaginaire de ce nouveau monde...

Les personnages sont plus qu'attachants. On frémit, se réjouit, se révolte avec eux. Lyra n'est pas une enfant sage et aseptisée comme nous en proposent de nombreux ouvrages "jeunesse". Désobéissante et rebelle, libre et farouche, capricieuse et volontaire, généreuse et intrépide, on ne peut que l'aimer. Sans parler de son daemon, Pantalaimon, qui change d'apparence animale sous le coup d'émotions fortes, de Iorek, l'ours en armure banni, de Lord Faa, le roi des gitans, de Lord Asriel, l'oncle mystérieux et puissant de la fillette, de Mrs Coulter, la terrifiante et séduisante érudite... La richesse de ce livre se situe aussi dans le fait que chaque personnage a sa propre psychologie. Très travaillés, ils prennent chacun parfaitement leur place au sein de ce monde dans lequel ils interagissent. 

Il en est de même pour les décors qui se posent avec un naturel déconcertant. Le monde prend littéralement vie sous nos yeux de lecteurs ébahis et séduits.

Je n'insiste pas sur ce tome, car il m'en reste encore deux pour raconter à quel point j'idôlatre cette histoire. Sachez juste que quand vous commencez ce livre, non seulement vous le dévorez, mais vous voulez aussi lire immédiatement la suite. 

Et quand vous le relisez comme moi un nombre incalculable de fois, je peux vous assurer que la magie est toujours présente, même après des années, même en anglais, même en connaissant des passages par coeur...

Les royaumes du Nord, tome I de la trilogie A la croisée des mondes, Philip PULLMAN, Folio Junior (ou Gallimard jeunesse en grand format) pour l'édition française, 1998, 482 p, ISBN 2-07-054188-6


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