ou dans son titre original The golden compass, à savoir La boussole d'or comme l'ont traduit les producteurs du film du même nom (à éviter absolument)...
Pourquoi commencer par ce livre? parce que la trilogie dont il est le premier tome m'accompagne depuis des années. Je considère ces bouquins de Philip Pullman comme les chef-d'oeuvres de la littérature de jeunesse (quelle dénomination horrible...) de ces dernières années.
Parlons seulement de ce premier opus où nous découvrons Lyra, gamine effrontée et sauvage, qui évolue au milieu de Jordan College, honorable université anglaise située à... Oxford. Oui, mais un Oxford étrange, si proche et si dissemblable du notre... et nous voilà projeté dans ce monde parallèle où les personnages ont des daemons, où les gitans voguent le long des canaux, où les ours sont en armure, et où sous l'ombre d'une guerre approchant, se dévoile une nouvelle menace à travers des enleveurs d'enfants surnommés les "enfourneurs"...
Mon but n'est pas de résumer l'histoire. je voudrais seulement vous faire comprendre à quel point ce livre (et les deux suivants) me semble exceptionnel.
L'écriture est fluide, personnelle, précise et créatrice d'images fantastiques. Le décalage entre nos deux mondes se joue à travers l'usage de certains mots pouvant paraître complexes aux plus jeunes, mais offrant au contraire un exotisme et un dépaysement à la lecture qui les entraînent plus profondément à la poursuite des personnages. Pour exemples : le métro devient le Chemin de fer Chtonien, les cables électriques deviennent ambariques... ces petits détails qui laissent les enfants rêveurs, et font des plus grands les complices de la construction imaginaire de ce nouveau monde...
Les personnages sont plus qu'attachants. On frémit, se réjouit, se révolte avec eux. Lyra n'est pas une enfant sage et aseptisée comme nous en proposent de nombreux ouvrages "jeunesse". Désobéissante et rebelle, libre et farouche, capricieuse et volontaire, généreuse et intrépide, on ne peut que l'aimer. Sans parler de son daemon, Pantalaimon, qui change d'apparence animale sous le coup d'émotions fortes, de Iorek, l'ours en armure banni, de Lord Faa, le roi des gitans, de Lord Asriel, l'oncle mystérieux et puissant de la fillette, de Mrs Coulter, la terrifiante et séduisante érudite... La richesse de ce livre se situe aussi dans le fait que chaque personnage a sa propre psychologie. Très travaillés, ils prennent chacun parfaitement leur place au sein de ce monde dans lequel ils interagissent.
Il en est de même pour les décors qui se posent avec un naturel déconcertant. Le monde prend littéralement vie sous nos yeux de lecteurs ébahis et séduits.
Je n'insiste pas sur ce tome, car il m'en reste encore deux pour raconter à quel point j'idôlatre cette histoire. Sachez juste que quand vous commencez ce livre, non seulement vous le dévorez, mais vous voulez aussi lire immédiatement la suite.
Et quand vous le relisez comme moi un nombre incalculable de fois, je peux vous assurer que la magie est toujours présente, même après des années, même en anglais, même en connaissant des passages par coeur...
Les royaumes du Nord, tome I de la trilogie A la croisée des mondes, Philip PULLMAN, Folio Junior (ou Gallimard jeunesse en grand format) pour l'édition française, 1998, 482 p, ISBN 2-07-054188-6
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